Chapitre 6 : David Bromann...

Dave, ou Davy (mais il n'y a que moi qui ait le privilège de l'appeler ainsi), est mon meilleur ami depuis des lustres. D'ailleurs, notre rencontre remonte à tant d'années que je ne fais même plus le compte. Il habite la capitale donc on ne se voit pas aussi souvent que nous le voudrions. Pourtant nous nous appelons régulièrement au téléphone et à chaque fois c'est comme si nous nous étions quittés la veille.
Je ne pourrais pas vous décrire Davy. D'abord, parce que je ne serais pas impartiale et ensuite, parce qu'il n'a pas de look fixe et peut aller du garçon sage et bien élevé à l'artiste maudit sous une méchante barbe de trois mois. D'ailleurs c'est ce qu'il est : un artiste. Il passe une bonne partie de sa vie à se consacrer à l'art grâce à la musique et au dessin. Pour le moment, il est en pourparlers avec un metteur en scène pour la musique d'un film. Je l'encourage dès que j'entends sa voix de l'autre côté du combiné.
C'est quelqu'un de malheureusement assez influensable, preuve en est : ses nombreux déménagements à répétition pour habiter avec une de ses conquètes. Mais c'est aussi une personne terriblement attachante et à l'humour ravageur et pourtant pas convenu. C'est pour cela que quand je vais mal, vraiment mal, et que mon moral est parvenu à trouer mes chaussettes que je l'appelle. Je sais qu'il aura toujours le bon mot, et la bonne réaction, sans y réfléchir.
Je dois avouer également qu'il m'est extrèmement difficile de lui mentir, certes par omission, mais je mens tout de même. J'aimerais tellement lui révéler ma "vie parallèle" et même sans aller jusque là, simplement lui montrer le lieu où j'habite. Si je le faisais, qu'est-ce que cela changerait ? Une personne qui vit comme moi n'a pas le droit d'avoir des liens d'amitié ou d'amour avec quiconque. L'enfer c'est les autres n'est-ce pas mon cher Sartre ? Est-ce une raison suffisante pour que je doute de mon meilleur ami... ?