Chapitre 9 : Home - That's right...

Publié le par Le Hibou

09-Home---That-s-right.jpg

    

     - Alors ? Vous en pensez quoi ?

     Le docteur Besnard me fixait curieusement derrière ses carreaux de lunettes. A quoi s’attendait-il ? Des regrets ? Des difficultés ? Le retour de ma mémoire ? Je ne sais pas. Des regrets et des difficultés, j’en avais mais cela ne parvenait pas à entraver ma bonne humeur. J’étais la joie incarnée depuis l’annonce de cette nouvelle et sa réalisation effective. Il continuait de me fixer, en attente, à l’affût.

     - Alors, c’est bien, dis-je.

     Je n’avais pas envie de m’étaler sur ma vie.

     - « C’est bien » : c’est réducteur, répliqua le docteur.

     Il voulait m’obliger à aller plus loin. Ou il me testait. Je ne sais pas mais, ce qui est sûr, c’est que je ne voulais rien ajouter. Je lui dis pourtant.

     - Peut-être mais c’est tout.

     - Bien, bien.

     Il avait ce ton condescendant qu’ont les adultes indulgents face aux bêtises enfantines. Effectivement, je me sentais comme une gamine mais je m’en fichais éperdument. J’ai jeté un regard à ma montre avant de regarder le praticien en souriant.

     - J’ai rien à ajouter, alors je peux y aller.

     - Je vous libère effectivement mais le docteur Morietto vous attend.

     J’ai ravalé la bordée d’injures qui me montait aux lèvres et j’ai opté pour une attitude plus humble ; faussement humble, cela s’entend. Décidément, je n’apprécie pas cette psychologue, rien que son évocation me mine le moral.

     Elle est entrée de son pas lent comme si le monde n’était pas digne de la porter. Mais je fis comme si je ne le remarquais pas.

     - Alors ? demanda-t-elle. Qu’en pensez-vous.

     Mais qu’avaient-ils tous avec cette question ? Je ne savais pas que le fait de sortir de l’hôpital, de revenir à la vie en somme, déchainerait de telles passions ! Mais je n’avais pas envie de lui répondre. Je n’avais pas parlé au docteur ce n’était pas pour me confier à celle qui me sortait par les trous de nez. J’ai donc recommencé comme précédemment, mais une psychologue ne voit pas les mêmes choses et ne réagis pas de la même manière face à un « c’est bien ».

      Elle a donc enchainé les questions, désobligeantes ou simplement personnelles, et, devant mon silence buté, elle a clôturé chacun de mes silences avec des « hum, hum » qui veulent tout dire et rien dire. Heureusement que mon retour chez moi me mettait du baume au cœur parce que là, entre le médecin et mademoiselle Morietto, il y avait de quoi m’achever !

 


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article