Chapitre 25 : Loving Night – Dream for free…

Publié le par Le Hibou

 

 

Je l'avais alors invité à entrer sans trop savoir à quoi m'attendre. Il avait pénétré à ma suite dans l'appartement. Il s'était dirigé à sa place fétiche, celle qu'il avait choisi depuis qu'il avait ironisé sur mon âge. Mais là, Nadar semblait différent. Bon d'accord, il avait toujours sa tête renfrognée et son air sinistre comme si un avion s'était crashé sur ses pompes. Mais c'était lui qui était venu vers moi....

Alors, tu veux me parler. Et de quoi ?

Il se frotta les mains et semblait chercher ses mots. Je décidai d'enchaîner avec des choses plus simples comme un bon repas.

Bon, des pâtes à la carbonara ça te va ?

Ça me va....

Il continuait de regarder autour de lui comme s’il découvrait les lieux pour la première fois.

Ça ne change pas, dit-il finalement.

Quoi ? demandai-je, tournée vers mes deux malheureuses plaques électriques.

Rien ne change. Dans ta décoration et dans la vie en général.

Je sais que ma vie est loin d'être palpitante mais rien ne t'oblige à me suivre non plus !

Je n'aurais peut-être pas dû dire cela car je ne voulais pas entendre une réponse qui m'affirmerait que j'étais en danger.

Je ne parlais pas de ta vie en particulier, articula Nadar.

Je me suis tournée vers lui mais il fixait ses mains. Décidément, ce type était une véritable énigme. Un genre de brouillard humain impénétrable dans lequel on se débat pour pouvoir tenter de voir quelque chose. Pourtant, ce soir, il semblait vouloir parler, et bizarrement il voulait me parler. Pourquoi ? Je l'ignorais. Et de quoi voulait-il donc me parler ? Je ne le savais pas plus. Mais je décidais certes de l'écouter mais en restant sur mes gardes comme lorsqu'il avait séjourné ici. Après tout, ce n'était le type le plus réglo que je connaisse, n'avait-il pas désobéi aux ordres de Hergé ?

Perdue dans mes pensées, je continuais de me concentrer sur le repas que je préparais. J'ai mis la table sous le silence de plus en plus oppressant de Nadar. Finalement, le plat était prêt et il n'avait toujours rien ajouté. Je me croyais dans une mauvaise sitcom américaine où l'un des personnage prononce une phrase et que la caméra reste bloquée sur son visage. Je souris en y pensant et remarquai alors que Nadar me fixait avec cet air ironique qui lui était familier.

Et voilà, fis-je, je déteste ça. Tu me regardes comme si j'avais fait la plus grosse erreur de toute ma vie. C'est super stressant ! Bon, allez, manges, c'est chaud.

Chacun devant notre assiette, sans parler, nous avions l'air fins.

Pourquoi fais-tu ça ? demanda-t-il tout à coup.

Pourquoi je fais quoi ? A manger ? Pour subsister.

Non, je voulais dire, travailler pour B..

Je baissais les yeux. Fichu passé ! Je ne voulais pas en parler. A personne. Jamais. Et surtout pas à cette tête de lard de Nadar. Même B. ne connaissait que les très très grosses lignes de l'histoire. Quand j'ai rencontré B., j'étais déjà devenue Héloïse Bunel pour beaucoup de monde.

Et toi ? fis-je, retournant ainsi la question et sous-entendant un message assez clair : "je ne te le dirais pas."

C'est une sorte de tradition familiale de travailler pour B..

De père en fils....

Disons plutôt de génération en génération.

Et à côté, tu fais quelque chose ? questionnai-je.

Je me rendais soudain compte que nous n'avions jamais pris le temps de nous connaître et d'avoir une pareille conversation avant ce soir. Jusqu'à présent, Nadar était pour moi un étranger énervant et je devais être pour lui une gamine qui joue aux grandes. Mais peu à peu, il devenait plus... humain.

Et toi ? répliqua-t-il en écho.

Tu le sais bien, non ?

Lettres Modernes, c'est ça ? Et sorties entre filles.

Globalement oui. Rien de palpitant, déclarai-je en esquissant un sourire.

On va se faire une règle, me dit-il alors. Je ne chercherais jamais à savoir pourquoi tu bosses pour B. et tu ne me pausera jamais de questions sur mon autre vie.

J'ai promis, surprise mais ravie qu'il propose cette règle, cela ne permettra que l'amélioration de nos relations si nous étions de nouveau amenés à se parler....

 

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Publié dans Nom de Code : Chanel

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