Chapitre 33 : Gang Of Paris - In town...

Publié le par Le Hibou

 

 

 

 

Quelques temps plus tard, B. nous appela. Il voulait nous voir. « Nous » était-ce Nadar et moi ou plusieurs membres du groupe ? Je ne savais pas. Tout devenait vraiment compliqué tout à coup. J’avais l’impression de ne plus être maîtresse de mon destin. Les évènements arrivaient trop vite et je n’avais plus le temps d’assimiler les nouveautés. Je ne m’étais d’ailleurs toujours pas réellement remise du fait que mon meilleur ami soit mon ennemi.

Nadar et moi avions décidé de nous rendre au lieu de rendez-vous séparément. Notre couple ne serait pas forcément apprécié par B. ni par les autres membres du groupe.

Je suis donc partie seule de chez moi, une dague dans chaque poche. J’avais la désagréable impression que Big Brother me regardait. J’avais pris mes papiers et priais pour qu’il n’y ait pas de renforcement de la sécurité dans les gares, parce qu’au détecteur de métaux, si je ne sonnais pas, c’est qu’ils avaient un problème.

Avant de partir, j’avais jeté un regard au miroir de la salle de bain. Mes yeux dans ceux de mon reflet, j’avais soufflé un bon coup et m’étais juré qu’il n’y avait rien à craindre et qu’au pire, je pouvais massacrer la personne qui voulait me nuire. Je suis donc descendue et après avoir longé les rues désertes, je suis parvenue à la gare. Comme à l’ordinaire, il n’y avait presque personne. Je suis montée dans le premier wagon pour m’y endormir, bien que le l’appréhension était là. Tapie dans l’ombre, on aurait dit qu’elle me guettait. Mais j’avais une bonne maîtrise de moi-même.

Après deux métros, je suis enfin arrivée à la bonne station. Mon cœur battait à tout rompre, mais je reconnus face à moi Nadar. M’avait-il suivi ? Ou s’était-il tout simplement arrangé pour arriver en même temps que moi ? Avant que je tourne dans la bonne rue, il se plaça derrière moi, juste derrière, comme pour me protéger ; il couvrait mes arrières. Je lui dis en plaisantant que nous nous étions pourtant promis de ne pas arriver ensemble.

- Les hasards existent, a-t-il répondu.

Les immeubles de cette rue se ressemblaient tous et les portes aux fenêtres ouvragées paraissaient identiques. Mais j’avais tout en tête : le numéro et le code. Et puis Nadar était avec moi.

La bonne porte trouvée et le code composé, nous sommes entrés dans le long corridor exigu qui menait à un passage discret enfoncé dans le mur. D’après moi, l’immeuble devait appartenir à B. . En tout cas, niveau lugubre, ce lieu faisait une sacrée concurrence aux films d’horreur en tous genres.

Nous avons pénétré dans une pièce composée en tout et pour tout d’une table et d’une ampoule nue au plafond. Mais la forme de la pièce était légèrement biscornue. Je reconnus Hergé sans difficulté. Assis sur l’unique table, près d’un téléphone à haut-parleur, il nous regarda entrer, Nadar et moi, l’air à la fois furieux et résigné.

Pas de chaises où s'asseoir, pas de petites collations pour remercier les tueurs d’être toujours en vie. Y avait-il une restriction budgétaire chez B. ?

Je me suis adossée contre le premier mur venu et Nadar a rejoint le côté presque opposé. Comme pour mettre en évidence le hasard et non le fait. Nous étions six dans cette pièce aux recoins sombres. Cet endroit était vraiment mal foutu, si bien que, hormis Hergé, aucun d’entre nous ne se trouvait réellement dans la lumière. On se devinait plus qu’on se voyait.

Le téléphone fit entendre sa sonnerie stridente ; tout ceci était d’un glauque ! J’eus un instant un extrait de Matrix en tête mais ce que je vivais n’avait rien de virtuel.

Hergé prit la parole en affirmant que nous étions tous présents. La voix de B. s’éleva alors grâce au haut-parleur, claire, forte, sans hésitation. Il expliqua ou plutôt résuma la situation. Il a affirmé que j’étais dans les ennuis jusqu’au cou et encore je suis persuadée que B. ne nous dévoilait que la partie visible de l’iceberg. Il y avait une conspiration de la part des ennemis pour mettre B. hors d’état de nuire ou du moins au pied du mur et je faisais partie du piège tendu parce que j’étais la plus jeune. Mais ça ne me suffisait pas, je restais persuadée qu’il y avait autre chose.

Je sentais que le regard de Nadar me soutenait mais aussi qu’il n’était pas le seul à me fixer….

 

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Publié dans Nom de Code : Chanel

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